l 10 siècles d'enluminures médiévales....1000 ans....autant de fenêtres ouvertes sur un passé ancien, renseignant sur la vie même, la succession des jours et des modes…alternances des joies et des peines qui marquent l’existence humaine.j Les imagiers -sculpteurs, peintres, enlumineurs- ont légué à la postérité un vaste patrimoine. Les manuscrits enluminés sont les œuvres les plus raffinées du Moyen Age. Du latin « illuminare » l’enluminure est l’art de décorer les livres au Moyen Age. Le support d’écriture est la peau de veau que l’on appelle « vélin ». Le livre tel que nous l’utilisons aujourd’hui nous vient du Ve siècle, période durant laquelle le rouleau de papyrus fut abandonné au profit du codex. La Bible premier livre lu depuis 2000 ans a été produit tout au long du Moyen Age dans les scriptoria des monastères. Livres de prières, traités de médecine, de droit, Livres d’Heures… Des livres écris en latin sont réalisés dans tous les domaines. Ils étaient produits pour les rois, les ecclésiastiques, les médecins, les juristes, les marchands, etc. jgj L’artiste médiéval transpose l’histoire profane et religieuse à sa propre époque (par exemple les vêtements, l’architecture). Il a tendance à substituer tout élément étranger à ce qui lui est familier, à son environnement immédiat. j Il faut évoquer la part déterminante que le christianisme joue alors dans la société occidentale. Le pilier qui forma les bases de nos pays d’Europe. Le roi reçoit son pouvoir de Dieu ; il est sacré. Les lois de l’Eglise régissent le droit et les institutions. Les abbayes et cathédrales sont les dépositaires de la culture religieuse et profane. f L’enluminure est une BD qui raconte le Moyen Age ; vie spirituelle et institutionnelle, activités agricoles et commerciales, les métiers…L’image permet une immersion directe dans ce monde médiéval qui suscite chez l’homme depuis lors un réel et sincère intérêt… |
Du rouleau au codex
Le rouleau de l’Antiquité, ou rotulus, mesurait une fois déroulé neuf à dix mètres. Les termes latins comme « volumen » et « codex » désigne le livre relié. À partir du IVe siècle, le codex remplace le rouleau ; il contient des feuillets pliés et attachés, protégés par une reliure. Le codex est bien plus maniable que le rouleau, qu’il fallait dérouler dans son intégralité pour accéder à un passage précis.
Les miniaturistes voient rapidement les avantages du livre relié, au-delà du format : ils peuvent désormais s’inspirer des fresques et des mosaïques. Le fait que les pages soient planes évite que la peinture craquelle, comme l’entraînait l’enroulement du rouleau.
Le codex a aussi des avantages techniques et de conservation indéniables, étroitement liés à la nature du support. | ![]() |
h Le papyrus et le papier
Le papyrus remonte à 4000 ans avant J.-C. et son procédé de fabrication est resté le monopole de l’Égypte pendant trois millénaires. Les feuilles sont préparées avec des pousses de papyrus collées les unes aux autres.
À partir du IIe siècle après J.-C., il cède la place au parchemin puis plus tard au papier. Il reste cependant utilisé pour les documents officiels du Moyen Âge en tant que matériau noble.
La fabrication de papier à partir de fibres végétales et de chiffons déchirés avait été inventée en Chine. Les papiers les plus anciens qui se sont conservés d’Extrême-Orient datent des IIe et VIe siècle.
En Occident, les premiers documents sur papier apparaissent au XIe siècle, sous l’influence arabe. Bien que l’usage du papier se soit répandu dans tout le monde occidental, on resta fidèle à l’onéreux parchemin pour la Bible, les livres liturgiques et les exemplaires luxueux. Même après l’arrivée de l’imprimerie au XVe siècle, le parchemin resta en usage pour la réalisation des plus beaux livres. | ![]() |
h Le parchemin
Les peaux de bêtes sont plongées dans de la chaux, qui les dégraisse et en ôte les résidus grossiers. Ensuite, elles sont tendues sur des grands cadres et subissent un lissage et un grattage à la pierre ponce. La méthode fut inventée par le roi Eumène II (IIe siècle avant J.-C.) de Pergame (Asie Mineure, actuelle Turquie), d’où dérive le terme pergamenum, qui est à l’origine de notre parchemin.
Au IIIe siècle, la bibliothèque de Pergame affronte la célèbre bibliothèque d'Alexandrie en Égypte, se disputant avec elle les meilleurs manuscrits et les meilleurs spécialistes, dans deux visions divergentes :
> À Alexandrie se pratiquait l'étude du lexique, des textes vers par vers, mot par mot. L'établissement de conclusions se faisait par des confrontations de textes abordés de manière scrupuleuse. > À Pergame au contraire, on cherchait le sens profond – voire caché – des textes, considérant que ce qui était véritablement signifié ne correspondait pas nécessairement à ce qui était écrit.
Au Sud de l’Europe, en Espagne, en Italie, on utilise de la peau de mouton ou de chèvre ; au Nord de l’Europe, on privilégie la peau de veau. Pour éviter l’effusion de l’encre hors du calame ou de la plume, on passait sur la peau un peu de craie. On découpait ensuite les peaux en grands feuillets prêts à recevoir le texte et la peinture. Le parchemin était aussi cher que le papyrus, mais beaucoup plus résistant dans le temps. Pour un livre important, il fallait souvent de nombreuses peaux de bêtes, et parfois tout un troupeau. Face au papyrus fragile, le parchemin plus souple s’abîme peu se conserve bien dans le temps. | ![]() |
g Les couleurs f L’OR Symbole de la lumière de Dieu. En fond, il nous invite à être dans son amour infini. On échappe à l’espace et au temps. L’or n’est qu’un métal, c’est la vocation de l’enlumineur de faire passer la lumière. f Le BLANC Couleur la plus utilisée en enluminure. Somme des couleurs, il symbolise le visible et l’invisible. C’est la couleur du passage, mort et renaissance. Le blanc est la couleur de la grâce qui éblouit, qui dépassent l’entendement. Le blanc évoque l’absence, d’où ce qui est vierge, la pureté, l’innocence… Le blanc se rapproche de l’or. f LE BLEU La plus profonde des couleurs ; le regard s’y enfonce sans obstacle et s’y perd à l’infini…le bleu est la plus froide des couleurs. Couleur des barbares, le bleu a longtemps été absent. C’est au XIIe siècle, tout change ! Le bleu se répand dans les manuscrits, les vitraux, les fresques…symbole de la lumière du ciel, les rois la choisisse... f LE ROUGE Symbole de force, de puissance, le rouge est la couleur du feu et du sang. Sacré et secret, il représente l’âme et le cœur. Le rouge est la couleur de la science et de la connaissance. Il a l’image de l’amour, de l’ardeur et de beauté. Le rouge est aussi symbole de fête. Couleur de la vie et de l’immortalité obtenue par le cinabre, un pigment rouge (sulfure de mercure) g LE VERT Le vert est une couleur très volatile. Il représente tout ce qui bouge, change, varie. Au Moyen Age, s’habillaient de vert les jongleurs, les bouffons, les chasseurs, les jeunes et les amoureux . Le vert garde un caractère étrange et complexe…le vert du bourgeon ; la vie et le vert de la moisissure ; la mort. Il est l’image des profondeurs et de la destinée. f l'Atelier fabrique plusieurs de ses pigments de substitution (non toxiques) | g g g |
h La reliure
Les livres religieux sont sacrés et contiennent la révélation de la Parole de Dieu, trésor inestimable. Ils requéraient l’ennoblissement par de riches parures. Les reliures sont souvent décorées avec les plus précieux des matériaux : or, argent, ivoire, perles, pierres précieuses, reflets de la Beauté surnaturelle et de la Vérité divine.
L’immense travail et savoir-faire que les artisans devaient mettre en œuvre montrent la vénération du livre et la richesse du commanditaire. La reliure finit par s’apparenter au reliquaire contenant, abritant, ornant un trésor sacré.
Si les reliures caractérisent le contenu sacré des livres qu’elles abritent, avec la fin du Moyen Âge, l’avènement de l’Humanisme et de la Renaissance, la reliure du XVe siècle tente de rendre compte de l’individualisme naissant du commanditaire ou du collectionneur. Désormais, on se sert presque exclusivement de reliures marouflées de cuir, qui sont utilisées depuis longtemps pour des livres ordinaires et quotidien. | ![]() |
g f f Les principaux styles artistiques g Le style insulaire Pendant la christianisation de l’Irlande par saint Patrick au Ve siècle, des frères missionnaires fondent des communautés où artisans et intellectuels se rencontrent. L’orfèvrerie irlandaise exerce une influence, que nous retrouvons dans un style de motifs linéaires (en lignes), d’entrelacs et de spirales se mêlant à des figures humaines stylisées. Caractéristiques : -Entrelacs -Spirales -Bestiaires -Couleurs vives -Peu d’or
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Le style ottonien La dynastie ottonienne régna de 919 à 1024 sur la partie orientale de l’Empire carolingien, dont fait partie l’Allemagne moderne. Grâce au mécénat très actif des empereurs, des ecclésiastiques et des élites féminines, l’art de l’enluminure connut alors un véritable essor. L’enluminure ottonienne s’inscrit dans la continuité de l’art carolingien, avec des influences anglo-saxonnes que l’on retrouve dans des motifs entrelacés évoquant le style celte. Caractéristiques : Les feuilles de parchemin étaient teintes ou peintes avec un pigment extrait d’un mollusque marin appelé « murex ». Rinceaux et aplats (couches) de couleurs intenses entre les branches et les feuilles, rehaussés de contours rouges, caractérisent les lettres ornées de l’époque. Le texte est harmonieusement placé autour de la lettre principale (la lettrine) j g | j |
Le style roman Le terme roman a été inventé au XIXe siècle pour qualifier l’architecture occidentale des XIe et XIIe siècles reprenant les principes de la construction romaine. Il est également utilisé pour décrire les manuscrits et autres œuvres artistiques de l’époque, dont le style est influencé par la Rome antique et, dans une moindre mesure, par l’art byzantin. À cette époque, l’Église gagne en richesse et en puissance. Les scriptoria monastiques connaissent un vif essor, produisant des livres de messe et d’autres textes destinés à approvisionner les nouveaux établissements religieux, toujours plus nombreux. Caractéristiques : -Bestiaires -Couleurs rouge, bleu et or -Calligraphie en couleur | g |
Le style gothique Au cours des XIe et XIIIe siècles, l’écriture se resserre et la décoration se perfectionne, incluant des lettres enluminées dans les textes. Les artistes embauchés pour ce faire voyagent dans toute l’Europe, de monastère en monastère. Les livres sont commandés non seulement par l’Église, mais aussi par les laïcs et les universités. Les lettres se resserrent encore, probablement dans un souci de se conformer aux styles architecturaux et artistiques de l’époque et d’économiser les matériaux utilisés dans la production des livres. Caractéristiques : - Perspective - Beaucoup de rouge et d’or - Marge en couleur et motifs drolesques | ![]() |